07 Avril 1458 : Baptême noble du Baron Noir - Slamjack

Seul Dieu peut connaître l'avenir de Ses Enfants, et ceux qui oseraient prétendre pouvoir le lire dans des eaux troubles, des feuilles sèches ou dans la position des cailloux sur un sentier, auront leur place sur un tas de bois, et se contenteront de voir leur vie future dans les flammes dansantes de la purification. Mais parfois, la surprise est de taille et dans Sa grande Sagesse, le Très-Haut sait parfaitement nous surprendre. Qui aurait cru un jour à ce que le Baron Noir puisse vouloir entrer dans la communauté des Aristotéliciens ? Partager les valeurs de celle-ci et tenter un tant soit peu de faire preuve de tolérance et de respect. Un homme que certains pourraient qualifier d'abjecte, de grossier, d'insultant, de vicieux et autres adjectifs négatifs, quelle farce aura encore inventé ce mois d'avril ? Les faits sont là, le Baron SlamJack souhaitait aujourd'hui se faire asperger d'eau bénite. Sortira-t-il changé ? Aucune idée.. maintenant, pour le Père Thibaud qui promulguait une tolérance zéro envers ceux qui sont étrangers à l'Aristotélisme, qui méprisait intérieurement la basse populace, et qui faisait belle impression devant ses supérieurs, il serait dommage à ce que de Renaix s'enferme dans un monde confiné dans la gentillesse. Paradoxal pour un clerc, n'est-ce pas ? Rien qu'à cette idée, un sourire naquit sur les lèvres ecclésiastiques.

Le Vicaire se préparait dans la sacristie. Tout en enfilant son vêtement sombre, se coiffant avec délicatesse et arborant fièrement sa médaille Aristotélicienne, il se perdit dans ses pensées et dans son avenir. Dieu savait ce qu'il deviendrait, et lui, il ne pouvait que Le supplier. Ainsi soit-il. Prêt à célébrer, il quitta la petite pièce, se signa devant l'autel, se dirigea jusqu'à la grande cuve baptismale puis scruta avec une attention toute particulière si rien ne manquait : objets ecclésiastiques, Livre des Vertus, fins tissus, cierge et symbole Aristotélicien. Parfait !

Aujourd'hui était un grand jour, aujourd'hui tout devait être parfait. C'est cela, parfaitement parfait. Regard à droite, regard à gauche, petite vue sur son bedeau. Il lui ordonna d'aller sonner les cloches, tandis que Thibaud s'occuperait des portes. Celles-ci grandes ouvertes, la piscine baptismale préparée, le Vicaire décida d'attendre là, sur le parvis.

07 Avril 1458 : Baptême noble du Baron Noir - Slamjack Church_Bell_by_EstherHazel

C'était un grand jour et la Vicomtesse tenait absolument à voir cela de ses propres yeux: son vassal et Cousin, le Baron Noir allait se faire baptiser! Pour certains cela relevait du théâtre, de la supercherie. En public, elle l'avait défendu, démontrant à quel point il pouvait aimer travailler pour les Flandres, certes à sa manière, mais en pensant aux autres. Elle avait prôné le fait qu'on pouvait changer, que la rédemption était valable pour tous, même pour le Seigneur de Lys-lez-Lannoy. Elle s'était fait huer, sa réputation en avait pâti. Soit. Cela ne changeait pas d'un iota sa position et se réjouissait que la grande famille aristotélicienne comprenne un membre de plus.

Elle avait reçu une lettre.

L'avait lue.

Relue.

Rerelue.

Rererelue.

Enfin, on a compris l'idée, plus ou moins. Déjà, le fait qu'il lui écrive était pour le moins... surprenant. Le fait qu'il parle de se faire baptiser était renversant. Mais la demande qu'il lui avait faite ? Enfin, elle y avait répondu - une fois la surprise et les (re x ?) lectures passées - de la seule façon dont elle pouvait répondre : par un "oui" sincère et serein.

Ce qui expliquait sa présence ce jour, moins apprêtée que la dernière sombre fois où elle était venue, mais ayant pour le coup retrouvé sa rouge et décolletéé vesture. On a sa marque de fabrique ou on ne l'a pas, n'est-ce pas ?

Le baptême du général, il n'aurait rater ça pour rien au monde.
Une surprise pour beaucoup, même pour ceux qu'il avait tenu au courant. Mais ces derniers mois, on avait pu voir le Baron se rapprocher de l'église, la défendre et marquer son respect pour ceux qui la représentaient.

Le jeune Seigneur de Bourbourg c'était préparé pour l'occasion, de grands noms Flamands et du Royaume feraient le déplacement, beaucoup par curiosité ou pour être certain que ce n'était pas une plaisanterie, d'autres par amitié.

Il arriva en la Cathédrale, accompagné de son épouse, un instant de réflexion en regardant le bâtiment qui avait scellé leur union avant de s'installer et d'attendre le début de la cérémonie.

La nouvelle avait fait le tour des Flandres. Sans doute avait-elle franchi les frontières (perméables) du comté du Nord. Pourquoi tant de certitudes ? A cause d'une certaine odeur qui flottait dans l'air. Une odeur, et quelle odeur ! A peine Krystel avait-elle franchi les portes de la Cathédrale qu'elle murmura :

Vanille.

Les joues rosies, Krystel guetta parmi la foule le manteau bleu, un cheveu blond... avant d'entrevoir un écarlate vêtement décolleté (précision : le vêtement était écarlate et décolleté, mais le décolleté n'était pas écarlate). La Princesse, Sa Dame, était donc là ? Un fin sourire éclaira le visage de la demoiselle. Après les enterrements, Sa Dame était revenue pour une autre circonstance : le baptême de l'Eternel Sombre Baron de Renaix, surnommé en son temps le Terrible Trublion Tournaisien ou T.T.T...

Krystel chercha bien vite une place dans l'édifice, et s'installa un peu à l'écart. C'était la curiosité de l'évènement qui avait suscité un tel déplacement. On ne baptisait pas un homme tel que le Baron tous les jours. Et s'il sentait la chèvre, s'il aimait l'animal à barbe, l'imberbe non barbant imbu de sa personne avait déplacé une écarlate vanillée. Ce qui n'était pas rien, tout de même.

En attendant la cérémonie, Krystel brossa du plat de la main sa robe jaune or puis s'assura de la bonne tenue de son chapeau. Il fallait bien s'occuper, en attendant le futur baptisé, non ?

Un Grand Jour. Ca l'était sans aucun doute. Le baptême d'un homme tel que le Baron Noir resterait marqué dans les chroniques de l'Histoire flamande. Slamjack était réputé ne rien faire au hasard et sa démarche aristotélicienne le confirmait : il avait pris le temps de réfléchir avant de se lancer.

Lui-même s'était posé maints fois la question : était-il suffisamment Bon pour oser prétendre devenir un Fidèle Aristotélicien? Ce Seigneur de Guerre qui avait fait couler plus de sang que nul autre Flamand! Qui avait été, tout au long de son existence, affublé des surnoms les plus effrayants. Dont le palmarès n'avait rien à envier à celui des pires brigands du Royaume. Et dont La Légende continuait à prétendre qu'il était à moitié démon...

"L'eau bénite le tuera à coup sûr!"

Avait lancé un Guerrier à la taverne des forces spéciales, un soir de débauche alors qu'ils revenaient d'une énième opération en faveur de la Nation flamande.

Le Général avait ri. Car il savait parfois se montrer humble et rire de ses propres turpitudes. S'il ne niait jamais avoir commis d'horribles choses, il ne cessait de clamer qu'il l'avait fait pour le bien des Flandres.

"La fin justifie les moyens!"

Avait-il pour coutume de dire. Et si cela n'excusait pas ce qu'il faisait, au-moins il avait l'honnêteté de le reconnaître. Car même s'il s'écartait constamment des règles de bienséance, il ne cessait de faire des efforts, depuis quelques temps, pour se rapprocher le plus possible d'une Vie Vertueuse.

Depuis toujours, Slamjack était de ceux qui prenaient leur destin en mains. Et pour s'assurer une destination éternelle, le Baron savait que le baptême était un premier pas.

Arrivant à proximité du Parvis de la Cathédrale, le Seigneur de Lys aperçut le Vicaire, qui allait mener la cérémonie. Les cloches sonnaient déjà. Quelques invités étaient déjà présents. Slamjack descendit de son destrier avec élégance. Il était extrêmement bien vêtu, propre et parfumé. Il s'approcha de Thibaud et le salua, révérencieux. Il rejoint ensuite la Princesse qui allait devenir sa Marraine devant Aristote. Il la salua avec déférence et la remercia :

C'est une Joie de vous revoir, Votre Altesse. Et un Honneur que vous me faites.

Il la complimenta sur sa tenue, c'était toujours bien vu par les dames. Il fit ensuite un signe courtois à ces amis. Leur présence lui faisait plaisir.

Guichard n'en revenait toujours pas.

Il lisait et relisait, incrédule, l'invitation qu'il avait reçue et l'avait mené à la cathédrale en cette belle journée ensoleillée. Le Baron de Renaix? se faire baptiser?
Qui a avait osé imprimer ces mots dans la même phrase sans rire?
Il y avait là quelque chose d'antinomique, quand même!

Son regard passait d'un invité à l'autre... tout ceci avait pourtant l'air vrai...

- Sangbleu... ça n'a pas l'air d'être une farce... Il le fait vraiment, se murmura-t-il à lui-même.

Guichard était impressionné. Il écouta autour de lui: les plaisanterie couraient bon train sur ce qui se passerait lorsque le Baron entrerait en contact avec l'eau bénite.
Guichard avait sa petite idée là dessus: il était certain que, avec la complicité de la Dame de Harlegnan, l'eau bénite avait dû être remplacée par de la bière bénite ^^. Bien plus prudent et agréable.

Dieu sait qu'il y a énormément de boulot au conseil, peut de moment pour soit, cependant le comte avait eu vent des rumeurs qui circuler dans les rues Flamandes, "Le baron SlamJack allait se faire baptiser", il ne pouvait rater se moment historique.
Il entra dans l'édifice et sans aucune surprise la salle était bombé de monde, faut dire que c'était l'évènement de l'année, personne ne voulait rater ça.

Il se dirigea au premier rang forcement c'est le comte...
Les regards se jeter sur lui, une sensation déjà connu au par avant mais qui fait forcement toujours autant d'effets.
Skal Salua le baron d'un signe de main qui suffisait amplement pour lui souhaiter les meilleurs vœux, puis il prit place aux cotés d'autres nobles Flamands

Nombre de messages : 139 Date d'inscription : 12/10/2005

Comme cela avait du être le cas pour toutes les personnes qui avaient reçu cette lettre Arcalion n'en finissait pas de la lire et de la relire, surtout le passage qui mentionnait le but de cette missive, à savoir le baptême de Slam. Plus il la lisait, plus la moue de stupéfaction se muait en un sourire sur le visage du Seigneur d'Antoing, sourire qui se transforma en rire pour finir. C'était incroyable pour Arcalion que de lire cela, totalement incroyable, lui qui avait si souvent dut prodiguer des soins disons plutôt "intime" au Seigneur Noir, ou plutôt Baron Noir comme il fallait dire maintenant, Slamjack un vrai noble... franchement certains avaient du en manger leur pain noir. Lui qui avait en sa compagnie si souvent botté le train aux Neuneux comme il disait, lui qui en avait rit jusqu'à en pleurer en écoutant Slam en taverne raconté, pour rire bien sur, ou pas, on ne savait point à force vu la sincérité avec laquelle il racontait cela, ce qu'il faisait avec des chèvres à des damoiselles qui en tombait à la renverse, parfois.

Cet événement c'était plus qu'incroyable, c'était tout bonnement i-n-i-ma-gi-nable.

Il fallait qu'il s'y rende, ça c'était une évidence pour voir ca de ses propres yeux, car on parlerait surement de cela pendant des années en ses bonnes terres de Flandres, le baptême de Slamjack! Arcalion n'en revenait toujours pas finalement... et Sainte Illinda devait bien se marrer là Haut, tient il faudrait penser à demander à Slam si il avait connu Illinda, elle goutait surement avec joie cet évènement, enfin la ou elle était.

Et puis il aurait enfin le temps de le voir, car cela faisait maintenant un bon mois qu'il était de retour et il n'avait toujours pas pu voir Slam. Deux années qu'il ne lui avait pas parler face à face et il le ferait non loin d'une Cathédrale, paradoxal aujourd'hui si l'on connait l'histoire des deux Hommes...

Il fallait qu'il se hâte, il était désormais toujours en retard depuis qu'Elle n'était plus là....

Arrivant à la cathédrale, il sourit, son accoutrement aujourd'hui aurait pu être celui de Slam des années auparavant, noir des pieds à la tête, et Slam lui devait être dans ses plus beaux atours pour ce jour si mémorable, la vie à parfois des chemins amusants. Il sourit de plus belle quand il reconnu sur un carrosse les armes d'Ath. Forcement, il n'y avait que lui pour réussir à la faire venir d'aussi loin. Elle, cela faisait encore plus longtemps que Slam qu'il ne l'avait point vu, pour une bonne journée, cela allait être une bonne journée.

Arcalion entra dans la cathédrale le plus discrètement du monde par une porte latérale. Il s'approcha de la princesse aussi discrètement que possible et n'ayant pas été repéré par cette dernière lui glissa à l'oreille :

Je pense que l'endroit et mal choisi pour une claque et une bise, mais je recevrai bien volontiers les deux de votre part votre altesse.

Nombre de messages : 625 Date d'inscription : 22/02/2009

La nouvelle avait fait le tour de Flandres en peu de temps ! Cela en avait fait rager plus d'un. Le Baron Noir, celui-qui-a-brûlé-tué-et-beaucoup-d'autres-choses-encore se baptisait ce jour en la cathédrale Saint Sauveur. Aristote aurait-il réussi à le dompter ?
En tout cas, il y avait bien longtemps que l'Enfant Terrible avait semé la terreur autour de lui. Ascalion ne le connaissait que depuis peu, mais on lui en avait raconté suffisamment sur lui pour qu'il trouve l'évènement inattendu.

Il entra donc dans la cathédrale, habillé de blanc et de noir. Sa cape était déjà sur son épaule, car il faisait chaud dehors. Le Seigneur de Steenbecque se demandait si ça n'était pas une farce, mais il apparut que non ! En entrant, il pris son chapeau à la main, et se dirigea silencieusement vers les premiers rangs. Il veilla tout de même à laisser assez de place pour ceux qui étaient plus proches de Slamjack. Car Ascalion ne l'était pas vraiment, même si leur relation était cordiale.

Qu'allait-il donc se passer ? Allait-il faire rire, allait-il provoquer, ou aillait-il rester solennel ?
Nous verrons bien...

C'était de notoriété publique que le Baron n'était pas un enfant de chœur. Pour sûr, le prêtre avait fait lui aussi les frais de son langage acerbe dés les premiers jours en ce Comté. Est-ce que le baptême changerait-il un homme de telle envergure que le Sanguinaire ? Seul le temps pourra nous le dire, en attendant, Aristote & Christos devaient se réjouir de cette victoire. Alors qu'il attendait sur le parvis, les premiers carrosses et invités arrivèrent, certains avec un visage marqué par l'incompréhension, d'autres étant tapissés d'un sourire niais. Que pouvait-on éprouver en ce jour ? Pour le Vicaire, il allait baptiser un homme, rien de plus, mais avec un peu plus de recul, on pouvait constater que ce n'était pas un individu comme les autres. De toute manière, n'épiloguons pas trop longtemps, les protagonistes principaux venaient tout juste d'arriver. Le clerc salua Slam Jack d'un signe de teste respectueux, puis, après avoir attendu à ce qu'il ait terminé de discuter avec Armoria -qu'il salua avec grasce- il lui demanda :

Êtes-vous prêt Baron, ou souhaitez-vous encore attendre quelques minutes ?

Par contre, la Cathédrale et l'église étaient différentes. L'église avait son baptistère, mais la Cathédrale, sa piscine baptismale. Le pauvre Baron devra plonger dans l'eau bénite, et les rumeurs disaient, qu'il n'allait sûrement jamais en ressortir.

Doux christos. Un Slam élégant, poli, galant, presque doux... Elle avait beau avoir appris sur l'autel de la politique de haut niveau à ne pas marquer sa surprise en toutes circonstances, elle ne parvint pas à ne pas tiquer. Oh, légèrement... Un sourcil qui se haussa.

L'on pourra dire que dans ma vie, j'ai assisté à quelques miracles...

Et comme souvent dans les Flandres, terre de souvenirs pour elle, un arrivant, presque un revenant, qui fut accueilli - après le sursaut dû à sa façon de s'approcher - d'un sourire chaleureux. Répondant au salut de l'officiant, elle anticipa :

Pardonnez-moi, mon père, mais ce que je vais faire va sans nul doute vous surprendre : n'ayez crainte, rien de plus qu'une fort vieille tradition.

Se tournant de nouveau vers Arcalion, elle lui octroya de bonne grâce claque et bise si gentiment demandées.

Si je ne puis plus claquer et baiser mes amis, autant que ma vie s'achève, toute Princesse que je sois !

Le Tirailleur était arrivé, supporté par un garde FSF. Il était reconnaissant d'avoir été supporter par celui-ci car sinon... il ne serait jamais arrivé à l'heure ni même arrivé tout cours sans l'aide du brave homme! Faut croire que le satané bateau avait presque eux raison de lui.

Maointenant a quai, il avait prit vacance et repos qui n'avait pas duré assez, interrompu par le baptème du Général FSF. Et pour rien au monde allait-il raté cela! Lentement, il prit place sur une place libre et attendit le début de la cérémonie.

Nulle entrée dans la grande famille d'Aristote n'est chose banale mais celle-ci était opposée en tout point à la banalité.
Le baron de Renaix allait être baptisé.. et c'était une surprise pour bon nombre d'entre eux même pour son plus proche entourage.
Margaux n'avait pas songé un seul instant que le Seigneur noir de Tournai pourrait un jour vouloir devenir Aristotélicien et il lui faudrait d'ailleurs s'en repentir.

Certains avait crié à l'hérésie, que le Baron n'était pas sincère. Certains pensait qu'il fomentait quelque basse manœuvre et que ce n'était qu'un moyen de parvenir à ses fins.

Ce n'était pas le cas de Margaux. Elle se serait bien gardé de protester ou de trouver à redire devant la volonté évidente d'un individu à se soumettre aux règles de la vie dans la foi Aristotélicienne. Ce jugement appartenait à Aristote et Christos et se serait folie que de se croire au-dessus d'eux et de se croire investi d'un pouvoir supérieur au point de rejeter ceux ou celles souhaitant entrer dans cette grande famille.

Installée aux côtés de son époux, de retour en la Cathédrale pour la première fois depuis leur union, Margaux souriait.

Ce matin à Boubourg, elle a vu les grands se faire beaux, les a entendus parler d'un baptême. Le nom du mossieu noble tout en noir revient souvent, aussi. On faisait le bapteme du tout en noir ? Tiens, elle savait pas qu'on baptisait les grands aussi ! Faut qu'elle voit ça. Pis il l'intrigue, le tout en noir. C'est un ami de son Duncan, et du papa de son Duncan... Mais plein de gens ont peur de lui et ne l'aiment pas. Pis en plus, chaque fois qu'elle lui parle, il l'ignore. C'est bizarre, les gens qui l'ignorent sont en général des méchants, mais ce mossieu là c'est un ami de Duncan ! Gnépapotib, ça compile pas.

A sa grande déception, ni Duncan ni Margaux ne semblent avoir prévu de l'emmener. Ca c'est bizarre ! Pourtant elle a eté sage aux autres fêtes ! Ils ont du oublier. C'est pas graffe, elle va y aller quand même. Dans la confusion des preparatifs, elle se hisse dans le coche en partance, se cache sous la banquette. Elle l'a déjà fait avant, pour aller en taverne.

Duncan et Margaux descendent du coche. La gamine attend encore un peu avant de sortir de sa cachette, saute du coche, et se sauve à toutes jambes. Elle entend le cocher pousser un juron quand il l'aperçoit. Pas graffe, elle lui fera un bisou plus tard pour se faire pardonner. Quatre à quatre les marches de la Cathédrale. Repérage des lieux. Margaux et Duncan sont assis. Elle se faufile, se cache derriere un pilône, observe le mossieu tout en noir qui dit bonjour à une dame encore mieux habillée que les autres.

Hmpf, regarder d'ici c'est pas rigolo. Elle s'avance vers le couple, tire la manche de Duncan.

Coucou mon Duncan, tu m'as oubliée au château.

Le plus naturellement du monde, comme si elle réparait un simple oubli, elle lui fait un grand sourire.

Grimace. Comme si la question lui transperçait l'abdomen, telle une dague mal aiguisée. Il répondit avec hésitation.

Je suis prêt, Monseigneur, nous pouvons y aller.

La Cathédrale n'était pas un territoire conquis pour le Baron Noir. Dans sa jeunesse, il ne s'y sentait pas à sa place, mal venu même. Il participait pourtant aux messes dominicales, à Tournai, parmi les fidèles. Car Slamjack est Croyant, Aristotélicien presque pratiquant : les Anciens n'ignoraient pas que l'Enfant Terrible des Flandres avait suivi son cursus juridique chez les curés. Cela laissait des traces. Et des habitudes : notamment celle d'aller à la messe.

Même si c'était pour y roupiller.

Slamjack invita Thibaud à le précéder dans la Cathédrale. Il fit gaffe de ne pas marcher sur son aube : faire trébucher l'Archevêque sur le parvis, cela en aurait faire rire plus d'un, mais cela n'était ni le lieu, ni le moment.

A cette pensée, le Général se mit à sourire et conseilla :

Faites attention où vous marchez, Monseigneur, c'est pentu.

[Le baron est arrivé, et GASP !]

Le Baron et héros du jour fit son entrée dans le Saint Lieu. Krystel leva le nez et ouvrit la bouche. Le son "o" aurait dû en sortir, mais il lui resta coincé en travers de la gorge. Beau comme un cavalier noir, propre et - non, Krystel ne rêvait pas - parfumé, il avança dans l'allée et salua fort courtoisement la Princesse. Si Krystel n'avait pas maquillé ses jolis yeux, elle les aurait frottés. Elle se contenta de se pincer, histoire de vérifier qu'elle ne rêvait pas.

Aïe !

Krystel frotta le pinçon. Non, ce n'était pas un rêve.

Son attention fut alors détourné par un homme qui approcha de la Princesse et qui lui claqua la bise. Krystel hocha la tête. Les vieilles coutumes flamandes avaient la vie dure, finalement. Krystel tourna ensuite la tête vers les jeunes de Clairambault et les salua. La petite Camille était en train d'entreprendre Duncan. Camille ? Mais à quel moment était-elle arrivée ? La petite avait sans doute dû faire une entrée discrète. Krystel haussa un sourcil. Finalement, la petite avait aussi bien sa place que les curieux venus pour assister à la baignade dans l'eau bénite du Baron Noir de péchés.

Mais silence : la cérémonie commençait : l'archevêque et le futur baptisé étaient prêts.

Il était temps. Contrairement aux églises, les fidèles pouvaient s'asseoir sur les bancs pour suivre avec attention le baptême qui allait se dérouler en cette Cathédrale. La piscine baptismale généralement couverte quand elle n'était pas utilisée, se trouvait pas très loin de l'autel. Thibaud inclina la teste aux propos du Baron, et invita celui-ci ainsi que sa marraine à le suivre. D'une marche gracieuse, les mains rejointes, ses pas se firent lents mais emplis de ferveur. Aux propos de Slam, un sourire naquit sur ses lèvres, alors qu'il était toujours de dos. Fidèle à lui mesme. Arrivé aux extrémités du chœur, interdit aux laïcs, le clerc invita les deux jeunes gens à se positionner près de la piscine, peut être l'une des dernières de ce Royaume. Quoique Thibaud avait demandé qu'on retire le maigre baptistère pour creuser une sorte de trou. Se faire baptiser dans la Cathédrale se devait être puissant, mémorable, et traditionnel comme il était, il souhaitait faire face à ce genre de pratiques.

Thibaud arriva derrière l'autel, puis, d'une voix claire, s'adressa à l'assemblée :

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Gloria Deum, et Aristotelem, et Christum.
Sicut erat in principio et nunc, et semper, et in saecula saeculorum. Amen.
Introibo ad altare Dei.
Ad Deum qui laetificat juventutem meam.
Adjutorium nostrum in nomine Domini.
Qui fecit coelum et terram.

Gratus mihi venis chers amis, membres de nostre communauté. Soyez les Bienvenus en la Cathédrale de Brugge, en ce 07 Avril de l'An de Grasce 1458 pour célébrer en nostre compagnie le baptême du Baron Slam Jack dont son désir est d'entrer en nostre fraternité Aristotélicienne. Nous ne pouvons que saluer cette envie, dont le Seigneur, Lui-mesme, est contenté en nous baignant de Son regard bienveillant.

Frères, tous les hommes naissent avec cette âme que la Créature Sans Nom souhaite grignoter, et par nature sont enclins au mal et à commettre de nombreux péchés. Les enseignements prophétiques disent que personne n’entre dans le royaume de Dieu s’il ne naît à nouveau de vertus et de virginité et si sa repentance n'est pas sincère. Nous vous demandons de prier Dieu le Père, de donner à ces personnes ce qu’elles ne possèdent pas naturellement : d’être baptisées d’eau, reçues dans l’Église Aristotélicienne de Christos, comme membres vivants de cette Église. Prions pour leurs âmes,et confessons nous mesme nos fautes.

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Joie côtoie très peu le baron Slamjack, elle l'avait vu peut être une ou deux fois en taverne, mais pas plus... Par contre, elle le voit très souvent au parlement, pendant les élections Comtale ou quand il y a des évènements importants au Comté, elle décide donc d'aller à son baptême...

Assise au milieu, Joie suit le début de la cérémonie, la princesse Armoria est là tout près du baron, elle allait être le témoin du baron noir... Décidément le baron ne changerait jamais, même pour son baptême il voyait grand... Avoir comme marraine la princesse du royaume ça lui ressemblait bien...

Elle se met à sourire en pensant s'il venait à se marier... il serait capable d'avoir le Roy Levan comme témoin pour son mariage...

Au moment où l'archevêque demande de prier Joie redevient sérieuse en chassant ses pensées et se met à prier en silence...

L'heure fatidique approchait. Connaissant l'animal pour être imprévisible, et malgré son apparente bonne volonté, elle préféra prendre les devants, posant sur le bras de Slam une main légère, à l'invitation de l'officiant.

Une marraine est avant toute autre chose un guide dans la Foy, et par la suite un soutien.

En écho à ces paroles, la main, pour être toujours légère, se fit ferme. Et le sourire, un rien malicieux.

Aux mots de la Princesse, celle qui fut sa marraine de coeur avant de l'être devant le Très Haut, Slamjack se remémora sa première rencontre avec elle, à Tournai. Il n'était qu'un adolescent turbulent, arrogant et irrespectueux, et cherchait bagarre au fiancé d'Armoria, alors que le couple était en taverne. On ne sut jamais pour quelle raison mais, contre toute attente, et surtout en dépit de l'avis de ceux qui lui conseillaient de l'ignorer, c'est ce jour que la Princesse décida de prendre l'Enfant Terrible des Flandres sous son aile.

Oui, le Baron Noir aurait pour Marraine la dame la plus en vue du Royaume de France. Mais ce geste n'avait pas pour objectif d'en mettre plein les yeux, ni de tenter une approche des Hautes Sphères.

Non. La vérité, c'était que le Seigneur Slamjack souhaitait maintenant consolider sa vie, son existence. Et il commençait en officialisant des liens officieux.

Main ferme et sourire malicieux, le Général y répondit d'un simple mais sincère :

Merci.

Thibaud, les yeux fermés, attendit à ce que les fidèles confessent leurs fautes. D'un mouvement de la main, il leur adressa un signe de croix accompagné de ces paroles :

Misereatur tui omnipotens Deus, et dimissis peccatis tuis, perducat te ad vitam aeternam.
[Que le Dieu Tout-Puissant vous fasse miséricorde, qu'Il vous pardonne tous vos péchés et vous conduise à la vie éternelle.]

Un sacrement n'avait jamais une base fixe. Du moment qu'il restait en cohérence avec le Droit Canon, la cérémonie pouvait se structurer selon le bon vouloir de l'officiant. C'est pourquoi, Thibaud décida de changer un peu sa méthode. Son regard se posa sur le Baron.

Vous avez entendu cette assemblée prier nostre Seigneur de vous recevoir et de vous bénir, de vous libérer de vos péchés, et de vous donner le royaume solaire et la vie éternelle. Car le Pardon, la repentance, est la clef qui vous mènera auprès de Dieu. Vous de même, devez promettre, devant vostre témoin, la Princesse Armoria, et cette assemblée, de renoncer à la Créature Sans Nom et à ses œuvres, croire toujours les saintes paroles prophétiques, et obéir à leurs commandements.

En présence de Dieu et de cette assemblée, renoncez-vous, Baron, à la Créature Sans Nom et à ses œuvres, aux vaines attractions de ce monde pervers, aux appétits coupables de la chair, de façon à ne pas en être esclave ?

Léger sourire. La réponse sera-t-elle sincère ? Le Baron était réputé pour courtiser les Dames.

L'office avait commencé, La Blonde était plus qu'attentive à ce qui se passait aujourd'hui. Elle écoutait avec la plus grande attention le moindre mot, comme pour réaliser là où elle était, ce qu'elle entendait, et surtout QUI elle voyait icelieu.

Joie à envie de rire quand l'archevêque lui pose la question ...

Citation :: En présence de Dieu et de cette assemblée, renoncez-vous, Baron, à la Créature Sans Nom et à ses œuvres, aux vaines attractions de ce monde pervers, aux appétits coupables de la chair, de façon à ne pas en être esclave ?

Elle attends avec impatience la réponse du baron Slam jack... Slam, l'enfant terrible de Flandres, Les Flandres sans Slam ne serait pas les Flandres... Elle aime son caractère direct, ne mâchant pas ses mots, sa franchise et ça façon de vivre.

Joie n'a jamais rien eu à lui reprocher à son encontre, il a toujours été respectueux avec elle... Quand elle lui parle ou quand elle lui répond elle a toujours peur de sa réaction, mais elle n'ait jamais déçu...

Pour elle c'est quelqu'un que l'on doit respecter si on ne veut pas être attaqué et surtout respecter notre Comté... Il aime les Flandres, elle le comprend, elle aussi elle aime les Flandres plus que tout...

Thibaud de Leibundguth a écrit:: En présence de Dieu et de cette assemblée, renoncez-vous, Baron, à la Créature Sans Nom et à ses œuvres, aux vaines attractions de ce monde pervers, aux appétits coupables de la chair, de façon à ne pas en être esclave ?

A cette question, le Baron Noir eut l'impression d'être jeté dans le grand bain. Son effroi se lut sur son visage. Ce n'était pas son genre de se refuser quoi que se soit : le Sanguinaire avait plutôt pour habitude de faire ce que bon lui chante, avec une nette préférence pour tout ce qui lui était interdit. Il répondit :

Monseigneur, même si je ne nie pas avoir convoité la promise d'autrui et même forniqué avec l'épouse de mon prochain*. Le Très Haut m'est témoin que cela est bel et bien fini.

On vit le Général hésiter, comme s'il jaugeait la nécessité d'argumenter. Il se lança alors.

Je ne suis pas esclave de mon attribut viril, Monseigneur, la plupart du temps j'arrive à me contrôler, à maîtriser mes bas instincts et ce, même quand la femelle me dit non. Ce ne sera donc pas un problème, pour moi, de renoncer à cette Luxure dans laquelle je n'ai jamais totalement sombré.

A cet instant, Slamjack jugea inutile d'aborder le thème des chèvres.

Même que...

Le Seigneur de Lys sortit de sous sa cape un grand parchemin, une carte du Royaume de France parsemée de petits points. Des rouges, très nombreux, et des verts, plus clairsemés. Cette carte n'était pas inconnue des natifs flamands, le Baron la consultait fréquemment par le passé. Il exhiba la carte et annonça, fièrement :

C'est ma carte des bordels de France! Ils sont indiqués par des points de couleur. Les verts sont ceux où je peux encore aller...

Air gêné. Il comprit qu'il était inutile de confirmer que les -nombreux- points rouges localisaient les bouibouis où l'Enfant Terrible des Flandres n'était plus le bienvenu, du fait de ses frasques. Il haussa le ton :

Et bien devant Vous, devant le Très-Haut, devant ma Marraine et devant l'assemblée, je déchire cette carte! Pfiou, fini les filles de joie, surtout celles qui sont sales, malades et infestées de poux! Promis!

Slamjack déchira devant tout le monde l'un des fondements de ce qui fit sa Légende. Sa fameuse carte des bordels de France.

Espiègle, il demanda à l'Archevêque :

C'est la réponse que vous attendiez?

*Slamjack a entretenu une liaison avec feue Gudule62, épouse de Vanartevelde, de laquelle est née une fille. Devinez.

» 15 Mars 1458 : Mariage noble de Margaux et de Duncan
» 24 Novembre 1456 : Mariage noble de Rosa et de Louis-Hubert
» Glaude MA/TAOP Poissons le 8/9 avril 1458